Tous concernés par la souffrance psychique
Tous concernés par la souffrance psychique

Tous concernés par la souffrance psychique

Les heures derrière le téléphone à écouter les personnes en souffrance m’ont grandement enrichi et me font dire l’importance de ne pas rester seul lorsque l’on ne sent pas bien.

Pourquoi les gens mettent-ils fin à leurs jours selon vous ? Tout simplement parce qu’ils ne voient pas d’autre issue pour arrêter de souffrir. Du point de vue de celui qui va mal, décider de mettre fin à ses jours est envisagé comme une délivrance, comme la seule solution pour ne plus souffrir. Pourtant il se trompe, bien entendu : il existe toujours un moyen pour traverser les difficultés et en ressortir grandi. C’est une réalité.

Simplement, mon ami(e), si tu es actuellement dans cet état d’esprit, laisse-moi t’expliquer que mettre fin à tes jours ne résoudra rien du tout. Tu le penses peut-être, mais en vérité tu n’en sais rien, car tu ne sais pas ce qu’est la mort. Par contre, ce que je sais, c’est que les personnes qui resteront vont terriblement souffrir de ton départ. Que tu en aies conscience ou non, ça aussi c’est une réalité. Et même si tu te crois seul, sache que ton suicide impacterait tes voisins, les commerçants que tu croises tous les jours, tout ton quartier. Personne ne reste indemne face à cet acte terrible pour la vie humaine. Par ton geste, tu peux même inciter les autres à faire de même.

Parmi les milliers d’appels que j’ai reçus, j’aimerais te faire part de l’un d’entre eux. Celui d’une jeune fille de douze ans qui avait pris le téléphone en cachette de ses parents pour me confier qu’elle voulait en finir avec la vie. Et tu sais pourquoi ? Parce que l’une de ses copines d’école était passée à l’acte deux mois plus tôt. N’ayant trouvé personne à qui parler, elle a entretenu cette tristesse, pour finalement décider de faire pareil. Douze ans !

Nous avons tous une mission sur cette terre et parfois, il nous faut passer dans la boue pour permettre à la fleur de lotus de pousser.

Je ne suis pas docteur ni thérapeute, mais je sais que la vie est précieuse. Ta vie est précieuse, crois-moi. J’ai conscientisé cela le jour où je suis allé à l’hôpital et que j’ai vu ces personnes, dont mon ami, condamnées à mourir malgré elles ! Rends-leur visite pour te rendre compte par toi-même ce que c’est de mourir alors qu’on ne l’a pas choisi.

Nous tombons tous, c’est vrai, et parfois de très haut. Je le sais bien. Mais chaque chute peut nous rendre plus forts. Ta galère d’aujourd’hui peut demain aider ton prochain. C’est encore une réalité. Je l’ai vu, je le vois, et c’est pour cela que je me permets de témoigner. Si mon message a la chance d’arriver jusqu’à toi, je t’en prie, ne reste pas seul avec ces mauvaises pensées. Appelle un dispositif d’écoute, il y en plein, regarde sur le web. Va voir un médecin, parles-en à quelqu’un en qui tu as confiance. Quel que soit le moyen, mon ami(e), je t’en prie, agis. Tu es important, je te l’assure. Tu l’es pour moi, même si je ne te connais pas.

Nous avons tous une mission sur cette terre et parfois, il nous faut passer dans la boue pour permettre à la fleur de lotus de pousser. En trouvant l’énergie pour te sortir de cette galère, tu seras capable à l’avenir d’aider d’autres personnes à le faire, si tu le désires, tout simplement parce que tu en as fait l’expérience. J’ai rencontré des criminels, des violeurs, des orphelins, des SDF, des personnes déprimées ou handicapées, qui ont réussi à s’en sortir. Tu n’es pas eux, c’est vrai, mais ce sont eux qui m’ont montré la voie, la voie de l’espoir que rien n’est figé. Tout change, tout est impermanent, et pour ma part cela me rassure lorsque je ne vais pas bien.

Que pouvez-vous faire pour contribuer à la prévention du suicide ?

Un petit message, enfin, pour l’entourage. Si vous voyez autour de vous quelqu’un qui n’est pas bien, allez vers lui, ne le laissez pas seul. Écoutez-le, sans intervenir. Offrez-lui un espace où il pourra se confier, sans être jugé ni même conseillé. Peut-être ne vous sentez-vous pas capable de l’accompagner. Pas de problème, je comprends bien. En revanche, vous pouvez faire le relais avec quelqu’un de compétent en la matière. Un numéro de téléphone, un ami, peu importe, le principal est faire ce petit geste.

Souvent, les gens qui restent me disent qu’ils n’ont rien vu venir. C’est vrai, et vous savez pourquoi ? Parce qu’à partir du moment où la personne a trouvé « une solution » à son problème, elle se sent libérée, elle ne montre plus de signe de détresse. C’est là toute la difficulté. C’est pourquoi je vous invite à ne jamais prendre à la légère lorsque quelqu’un vous dit qu’il va mettre fin à ses jours, même en plaisantant. On ne plaisante pas avec ce sujet. Soyez attentif aussi si la personne change ses habitudes, son comportement du jour au lendemain, donne ses affaires par exemple, parle différemment… Bien entendu, l’idée n’est pas de tomber dans la paranoïa ou la suspicion, mais simplement d’être à l’écoute, comme une sentinelle de la vie.

Voici mes interventions télévisées lorsque j’étais président et membre écoutant de l’association SOS Solitude, de 2012 à 2019.  

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