J’ai choisi de me former à la justice restaurative. Voici pourquoi.
Bonjour les ami(e)s,
Des formations, j’en ai fait dans ma vie, et ce n’est pas fini. Mais celle-ci m’a tenu particulièrement à cœur en raison de l’enjeu qu’elle représente.
La justice restaurative consiste à organiser des rencontres entre des détenus, ou plus généralement des auteurs de délits, et des victimes, afin de les aider à cheminer vers l’apaisement de leurs souffrances. Elle passe par des médiations ou des cercles de paroles. L’idée est de faire ce que le tribunal ne peut pas. En effet, le rôle du tribunal est de juger, de faire respecter la loi, de condamner à une peine, mais pas d’instaurer le dialogue entre les deux parties. La justice restaurative, quant à elle, s’occupe de l’humain.
Je conçois que cette démarche puisse paraître assez folle pour certains. Vu de l’extérieur, mettre l’auteur d’un délit face à face avec sa victime peut paraître invraisemblable. Si le tribunal gère le présent au travers des sanctions et des indemnisations, la justice restaurative s’occupe de l’avenir des personnes. Vous serez d’accord avec moi que la sanction pénale ne règle pas tout. Il n’y a qu’à jeter un œil sur les chiffres liés à la récidive pour s’en convaincre.
Du côté des victimes, le traumatisme peut durer toute une vie. À chaque date anniversaire, à chaque fait similaire, il resurgit. Sans compter la peur que cela se reproduise. L’entourage des victimes (familles, ami(e)s, voisinage…) est impacté aussi. La souffrance psychique continue même après le verdict.
C’est à ce stade que la justice restaurative entre en jeu. Elle est basée sur le volontariat et n’implique aucune réduction de peine ni avantage pénitentiaire. L’enjeu est de rétablir l’harmonie sociale.
Si le tribunal gère le présent au travers des sanctions et des indemnisations, la justice restaurative s’occupe de l’avenir des personnes.
À noter qu’il existe un article de loi depuis 2014 stipulant le droit essentiel de se voir proposer cette démarche par n’importe quel professionnel de la chaîne pénale (art. 10-1 CCP), et que ce droit implique d’être informé de manière complète d’une telle possibilité au stade de l’enquête (art. 10.2 CCP) et au stade de l’exécution de la peine (art. 707 IV CCP).
Dans la réalité, il y a encore beaucoup à faire, soyons réalistes, c’est pourquoi j’écris cet article. Si vous êtes concerné par une affaire en lien avec la justice, sachez que cela existe et que vous pouvez en faire la demande si vous le désirez. À La Réunion, cela avance, nous avons maintenant une personne à mi-temps chargée de nous accompagner dans la mise en place des dispositifs.
J’ai eu la chance d’être formé par Robert Cario, professeur émérite de criminologie et membre fondateur de l’Institut français pour la justice restaurative (IFJR) ; par Paul Mbanzoulou, directeur de la recherche et de la documentation de l’École nationale d’administration pénitentiaire (ENAP) à Agen, responsable du Centre interdisciplinaire de recherche appliquée au champ pénitentiaire (CIRAP) et des Presses de l’ENAP, enseignant à l’université de Pau et des Pays de l’Adour ; ainsi que par Serge Charbonneau, directeur d’Équijustice (Réseau de justice réparatrice et de médiation citoyenne au Québec).
Pour mieux comprendre l’essence de cette démarche, voici quelques vidéos sur le sujet :